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Canaliser la Colère dans la Société, une Perspective Historique

COLÈRE ET TEMPS, Peter Sloterdijk (2006)


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Dans « La Fin de l’Histoire et le Dernier Homme », écrit en 1992, Francis Fukuyama construit une bonne partie de son explication du devenir de nos sociétés sur la notion éminemment stratégique et complexe de thymos. Concept repris de Hegel mais qui n’a pas été inventé par lui (voir plus bas), et qui se révèle aussi vieux que la philosophie politique elle-même. Le thymos désigne ce par quoi l’homme a différé, dès les origines, de l’animal, à savoir son désir d’être reconnu. Il y a là un ressort aussi puissant que l’instinct de conservation. L’on pourrait aussi traduire cette notion par orgueil, amour propre, quête de dignité. Nous avons là la partie de la personnalité qui est au départ des émotions de fierté, de colère ou de honte.

Dans Colère et Temps (ou Zorn und Zeit, paru en 2006), le philosophe allemand Peter Sloterdijk analyse les formes homériques, bibliques, léninistes et anarchistes de la colère afin de démontrer comment cette émotion, d'abord instinctive, s'est développée en une banque mondiale de la vengeance, où les sentiments des opprimés sont un tremplin pour parvenir au pouvoir. Il débouche sur le dernier grand mouvement capteur de la colère (à l’époque de la parution du livre…), à savoir l’Islam politique et annonce enfin les conditions de l’avènement d’un monde sans Ressentiment.


La dernière fois que j’ai ressenti une vraie colère remonte à une quinzaine d’années, lorsque mes partenaires m’ont littéralement « viré » de l’entreprise que nous avions crée ensemble. L’un d’entre eux ne s’est pas contenté de cela, il m’a en outre fait comprendre que je ferais mieux de renoncer au développement commercial, ma profession depuis 25 ans pour des tâches administratives qui m’iraient mieux. Le sentiment de me prendre un grand coup de pied dans le ventre alors que j’étais déjà par terre. Bref, pendant de longs mois qui ont suivi, je me réveillais la nuit en m’imaginant les étriper l’un après l’autre… Ma colère venait de facto de l’humiliation que j’éprouvais ainsi qu’un fort sentiment d’injustice. Après coup, je pense aujourd’hui que c’est certainement un des épisodes de ma vie les plus structurants et constructeurs.


Autant dire que ce livre m’a passionné, non seulement par la compréhension que cela m’a permis de tirer de ma propre expérience, mais aussi par son analyse historique de la colère dans la société et l’histoire. Après avoir défini l’origine physiologique de la colère, Peter Sloterdijk déroule l’histoire du concept de thymòs dès l’origine grecque, pour élaborer autour de la canalisation de la colère comme élément structurant de la société dans la chrétienté, le communisme, puis l’islam politique, sans omettre un flash sur ses moteurs ainsi que ses explosions dans les révolutions ou actes de vandalisme. 20 ans se sont écoulés depuis l’écriture de « Colère et Temps ». Il reste naturellement d’une actualité brûlante, bien que de nouveaux mouvements capteurs de colère, essentiellement attisés et canalisés par les populismes et l’extrême droite, soient venus aggraver la polarisation des sociétés occidentales. Thèmes souvent développés dans ce blog…


Vous trouverez à travers le lien vers la section Philosophie de notre section "Grands Thèmes" ci-dessous les extraits et passages que j’ai trouvés les plus pertinents :


Mais d’abord, un petit rappel avec la définition de la colère du Larousse : État affectif violent et passager, résultant du sentiment d'une agression, d'un désagrément, traduisant un vif mécontentement et accompagné de réactions brutales. Bonne lecture !

 
 
 

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